Salle 101

[…] Fidèle au Ministère de l’Intérieur, la Salle 101 dénonce, dénonce et dénonce encore, toujours au service de la France. La preuve : Ymir, super roman du super Rich Larson que nous aimons d’amour. Splines, recueil chelou super de Luvan. Le cycle de Lyonesse, petits romans supers d’un inconnu nommé Jack Vance. Guedin, on te dit.

 »Avoue c’est ouf, quand même, comme on n’en a rien à foutre », gémit un éditeur devant ses chiffres de vente.

[…] Heureuse de tout expérimenter, même le plus déviant, la Salle 101 n’hésite pas à parler de trucs sales, justement : L’espion qui aimait les livres, fond de tiroir d’un certain John LeCarré. La cité des permutants, réédition d’un roman séminal d’un certain Greg Egan. Les marins ne savent pas nager, exceptionnel roman super chouette guedin de Dominique Scali. Incroyable, non ?

 »Le meilleur, dans la Fantasy, c’est les épées », affirme un critique de Fantasy sur un obscur site internet.

[…] Toujours autant fascinée par la guerre, la mort, la violence, la bêtise, Darmanin et tout ce qui s’en suit, la Salle 101 chronique des oeuvres d’importance, mais dures, juge plutôt : Summerland, second roman de Hannu Rajaniemi paru en France. La maison aux mille étages, classique daté de Jan Weiss. Noon, nouvelle production de la team L. L. Kloetzer. Les abattus et Une petite société, deux choses très bien de Noelle Renaude. Hop ? Allez, hop.

 »La SF, on sait plus trop, mais en fait toi tu sais, non ? » demande un blogueur en léchant les pompes de son éditeur préféré.

[…] Transfigurée par la joie et le plaisir, la Salle 101 lit de bien belles choses pour ton plus grand plaisir et le sien, juge plutôt : Mort aux Geais !, lauréat du GPI 2023 de Claire Duvivier. Abattoir 5 ou la croisade des enfants, super adaptation BD du roman de Kurt Vonnegut. Un pays de fantômes, bréviaire anarchiste de Margaret Killjoy. incroyable, non ?

« Non mais quand même, c’était mieux avant, non ? » s’interroge un blogueur de droite en écoutant BFM couvrir la grève dans les raffineries.

[…] Entièrement vouée au libéralisme à visage humain, la Salle 101 s’offre une série de chroniques hautes en couleur où le sensuel le dispute au subtil : Les quinze premières vies de Harry August, texte vachement bien de Claire North. Les jumeaux du paradoxe, texte hyper bien de Joshua Chaplinsky. Le voleur, tome 2 de La Maison des jeux, texte super bien de Claire North. Guedin, non ?

« La SF, la SF, la SF… » balbutie un auteur de SF, justement.

[…] Enfin convertie au néo-libéralisme littéraire, la Salle 101 décide d’enquêter au plus près de ce qui se fait de mieux, et le résultat va t’étonner : Un bon indien est un indien mort, de Stephen Graham Jones. Everything, everywhere, all at once, petit film barré tout à fait bien. Le dragon de lune, premier roman de fantasy russophone de Vladimir Bogorad. N’est-ce pas ouf guedin ?

« Toi je sais pas, mais moi j’y crois plus… » susurre un éditeur en contemplant ses chiffres.