Catégorie : On Air

[…] Consternée au-delà de l’exprimable par la censure de son gouvernement, la Salle 101 se fixe un cap clair en s’orientant vers des chroniques de qualité, où le sensuel le dispute au kikoo lol, en toute responsabilité : Spartacus, métapéplum marxiste d’Howard Fast. Une valse pour les grotesques, roman-de-la-maturité de Guillaume Chamanadjian. Lanark, post-chef d’oeuvre écossais d’Alasdair Gray. Et tu refuserais de cliquer ?

« Moi personne m’a appelé à Matignon alors que je rétablirais l’ordre, rétablirais l’ordre, rétablirais l’ordre si j’y allais », gémit un membre de la Redteam en repassant son uniforme souillé de ses propres fluides.

[…] Déjà prête à voter le budget qu’elle juge à la fois juste et représentatif, la Salle 101 s’autorise quelques incartades en chroniquant sur un ton léger quelques nouveautés tout à fait affriolantes, regarde donc : Le bracelet de jade, court roman de Mu Ming. La cité des lames, long roman de Robert Jackson Bennett. Retour à la vie, moyenne nouvelle de Michael Bishop. Alors, ça te calme ?

« Je me dis que le jaspage, c’est l’avenir », marmonne un blogueur en caressant la couverture d’un roman de Fantasy où apparait une elfe noire en tenue transparente, mais avec deux épées.

[…] Horrifiée par l’éventuelle motion de censure qui se profile à l’horizon politique de la France Vraie, la Salle 101 se hâte de chroniquer diverses choses avant qu’on la remercie, regarde un peu : Le grand quand, du très poilu Alan Moore, Mémoires, du très chauve Mark Haskell Smith, Une femme de demain, de la chevelue Coralie Glyn. Yes man, téma.

« Ouais alors faut pas trop non plus hein trop genre hein », balbutie un blogueur devant un livre qu’il ne comprend pas.

[…] Désormais enregistrée le lundi – comme tu sais – la Salle 101 inaugure son nouvel emploi du temps avec plusieurs oeuvres de nature spirituelle, capables d’élever ton âme vers des hauteurs insoupçonnées, regarde donc : Ironopolis, vrai chef d’oeuvre de Glen James Brown, La couleur de l’argent, faux chef d’oeuvre de Walter Tevis, Guerre et guerre et Petits travaux pour un palais, authentiques chef-d’oeuvres de Lazlo Krasznahorkai, eh ouais, la salle 101 est comme ça, donc tu ferais mieux de cliquer.

« Waaaa j’ai mis neuf jours à me remettre de la beuverie post-utopiale », gémit une éditrice dont nous tairons le nom, par pudeur.

[…] Motivée comme jamais par la future/nouvelle/ancienne/méta loi immigration, la Salle 101 déporte à tour de bras en chroniquant maintes choses de nature curieuse, mais notable, juge plutôt : Légendes & Lattes, roman de Cosy Fantasy de Travis Baldree. Le chemin de l’espace, vieillerie enthousiasmante de Robert Silverberg. Le jour des Triffides, vieillerie séminale de John Wyndham. Eh ouais, tu vas faire quoi ?

« Il reste encore un ou deux râteliers où bouffer, j’ai pas tout nettoyé », explique Lloyd C, la bouche pleine.

[…] Angoissée par la dette de la France et le vote du budget, la Salle 101 expulse ses doutes en laissant s’exprimer son surmoi, regarde : Fragile/s, premier roman de Nicolas Martin. La montagne dans la mer, premier roman traduit de Ray Nayler. The Fisherman, pas premier roman de John Langan. Allez, hop, oui, hop.

« Vous venez vraiment aux Utos ?? » s’angoisse un blogueur étouffé par sa propre importance.

[…] Séduite et convaincue par la rhétorique du ministère de l’intérieur, la Salle 101 rétablit l’ordre à sa manière en discutant tranquillement de petites choses capables de changer la littérature et la vision que tu en as, regarde : Théodoros, incroyable truc du non moins incroyable Mircea Cărtărescu. Beetlejuice Beetlejuice, truc cinématographique nettement moins incroyable de Tim Burton. Allez, traverse la rue avec nous.

« C b1 to lézutos » s’exclame un blogueur quelconque seul devant son ordinateur.

[…] Rappelée à l’ordre par Matignon, la Salle 101 fait amende honorable et accepte de parler avec tout le monde, la preuve : Les fils enchevêtrés des marionnettes, jolie nouvelle d’Adam Troy Castro. Roman de Ronce et d’Épine, joli roman de Lucie Baratte, The Big Book Of Cyberpunk, jolie anthologie composée par Jared Shurin. Tout est bon, tout est bien.

« Nan mais je sais pas si tu sais mais nous on sait », affirme l’édition française dans son ensemble.