Salle 101

[…] Déchirée sous champignons, la Salle 101 s’adonne au psychédélisme et au post-fascisme visuel en chroniquant des trucs chelous, comme tu peux le constater : L’usine, roman pas ouf de Hiroko Oyamada. Pas de littérature !, roman ouf de Sébastien Rutès. Yes man.

« Ça te va hyper bien, cette robe », affirme un blogueur de droite à un stagiaire de droite en pensant être subtil.

[…] Toujours prête à suivre Manuel Valls dans son amour de la France, la Salle 101 célèbre le beau, le bon, le bien : Axiomatique, extraordinaire chose rééditée récemment de Greg Egan, Tè Mawon, SF française retournante de Michael Roch. Hardcore Henry, film américano-russe inepte mais rigolo. Go go go.

« Nan mais t’es sérieux, là ? » demande un éditeur de SF à son illustrateur préféré.

[…] De plus en plus proche de sa police, la Salle 101 te propose diverses oeuvres sécuritaires de nature à te faire acheter une ou deux caméras de surveillance, juge plutôt : L’obscur, roman suisse de Philippe Testa. Autobiographie transsexuelle avec des vampires, de Lizzie Crowdagger. Le serpent, tome 1 de La Maison des Jeux, chouette chose de Claire North. Voilà qui est bon.

« Tiens, voilà c’que j’y mets à ta Fantasy ! » s’exclame un auteur de SF fatigué de ne pas vendre.

[…] Heureuse de participer à la France qui gagne, la Salle 101 poursuit sa route droite dans une pente forte en évoquant plusieurs oeuvres d’un intérêt universel, comme tu peux le voir ici : La séquence Aardtman, super roman youpi de Saul Pandélakis. Tokyo revisitée, roman pas si mal de David Peace. Une sortie honorable, excellent texte d’Éric Vuillard. Profite.

« Et chez Bragelonne, ça va mieux à la direction ? » s’interroge une stagiaire.

[…] Ivre, toujours ivre, mais ivre de joie, la Salle 101 soigne ses pourcentages en te parlant d’oeuvres de l’esprit susceptibles de t’élever spirituellement et intellectuellement : Ubik, nouvelle traduction du roman mythique de Philip K. Dick. Le sanctuaire, roman somme toute relou de Laurine Roux, mais quand même GPI, hein. Voilà voilà.

« La redteam, c’est l’éclate », nous assure un auteur hyper lu par sa famille.

[…] Bien ancrée dans son époque, prête à composer avec tous les fascismes, car profondément de droite de coeur comme de tête, la Salle 101 prend fermement position en chroniquant des trucs de oufs, regarde : Nous sommes les chasseurs, roman pas de droite de Jérémy Fel. Proletkult, nouveau roman ouf de Wu Ming. L’étoile rouge, roman de SF rouge et de 1908, d’Alexandre Bogdanov. Les dix mille portes de January, roman 75% bien d’Alix E. Harrow. Hop hop hop !

« Franchement, ça s’annonce pas mal, ce nouveau quinquennat », prétend un blogueur de droite qui croit être de gauche.

[…] Seule, immensément seule face à la déchéance d’une nation, la Salle 101 se console comme elle peut en évoquant diverses choses d’utilité publique, malgré un son pourri, juge plutôt : Reacher, consternante série de Nick Santona. M, l’enfant du siècle, joli roman (?) d’Antonio Scurati. Simulacres martiens, livre pas si mal d’Eric J. Brown. Allez, clique utile.

« Ça devient n’importe quoi, les couvertures d’Aurélien Police, hein… » se lamente un graphiste au chômage.

[…] Fidèle à elle-même et à sa mauvaise foi que le monde éditorial lui envie, la Salle 101 s’énerve un peu mais pas trop en chroniquant des choses recommandables : Hamnet, roman plutôt stylé de Maggie O’Farell. Lénine a marché sur la lune, un essai hyper kikoo de Michel Eltchaninoff. Les tambours du dieu noir, roman médiocre de P. Djèli Clark. Aucune femme au monde, mini-chose koolikool de Catherine L. Moore. Tout ça ? Oui, tout ça.

« Que faire et pourquoi ? » s’interroge Jean-Didier P.

[…] Heureuse, trop heureuse de t’inonder les oreilles en attendant la fin du monde, la Salle 101 te chante de façon guillerette quelques petites choses d’importance : L’avenir, très chouette roman de Catherine Leroux. Le livre de Boba Fett, prodige de beauté incompris. Le retour du hiérophante, tome 2 de l’excellente trilogie Les maîtres enlumineurs, de Robert Jackson Bennett. Alors, on fait moins son malin, là, hein ?

« On est en train de fabriquer un vrai vaisseau spatial mental », balbutie un membre de la Redteam, seul, amèrement seul devant un Picon bière.